1951
Le 43e congrès national a failli se dérouler à Nancy
Début janvier, la présidente du groupe de Nancy, Mme Fondrillon, a reçu une proposition de l’ UFE pour organiser le 43eme congrès national à la Pentecôte .
Une réunion du groupe a été nécessaire pour décider de ce projet .
Un communiqué aux journaux locaux annonçait la réunion avec la mention » organisation éventuelle du congrès » .
Les journalistes, souvent friands d’évènements sensationnels (est-ce que » sensationnel » n’est pas un mot trop fort ?) ont immédiatement annoncer, en gros caractères, que le congrès aurait effectivement lieu à Nancy .
En fait, le groupe local avait répondu favorablement à UFE et avait fait immédiatement les démarches pour l’organiser : La grande salle Poirel fut louée, le lycée Poincaré donna son accord pour héberger les congressistes .
Hélas ! Quelques jours après arrivait une réponse de l’UFE : l’Union Nationale avait contacté en même temps Lyon et Nancy et avait préféré Lyon ! .
Donc, le congrès n’ a donc pas eu lieu à Nancy.
Evènements :
– Une image de l’ Arc de Triomphe de Nancy orne la 1ère page du 5ème numéro de » La Informilo « , et l’évocation d’ un matin de mai où eut lieu, en vieille ville, le mariage de l’ archiduc Otto de Habsbourg avec des hommes en uniforme de cérémonie de l’ Autriche et de la Hongrie .
Des poèmes, bien que n’ ayant aucun rapport avec notre Fédération, au moins directement , mais lisez ce qui suit :
– » La Informilo » ajouta : » Notre sportif ami Colnot prépare un voyage à travers l’Europe avec un ami. Il a écrit à plusieurs délégués de l’ UEA habitant différentes villes qu’ il souhaitait visiter .
(Suivit une longue liste de villes en Suisse, Italie, Yougoslavie, Autriche et Allemagne ) , auxquelles il a effectivement écrit.
« Mais le voyage prévu était beaucoup trop long pour des vacances de deux semaines , donc nous l’ avons raccourci et nous n’ avons pas visite la Suisse et l’ Allemagne. Nous devions rentrer directement en train depuis la Carinthie.
Faire un récit de ce voyage serait maintenant beaucoup trop long .
Pour moi, ce voyage fut décisif pour le reste de ma vie : je partis en bicyclette comme débutant hésitant, je suis revenu en parlant couramment ( peut – être un peu trop couramment) , car au contact des nombreux espérantistes étrangers , je me suis mis a penser complètement en Esperanto .
Et très vite, je suis devenu un militant actif pour l’ Esperanto. Cela se fit à l’ automne
Anecdote amusante au sujet de notre voyage et des lignes ci – dessus sur le mariage des Habsbourg : revenant de Yougoslavie, nous nous sommes retrouvés en Autriche sortant du train, sans billets car complètement désargentés .
Mon ami qui parlait couramment l’ allemand, s’adressa aux cheminots et aux douaniers et leur parla des noces de l’archiduc à Nancy.
Très captivés pendant de longues minutes par ce récit, les Autrichiens oublièrent d’ exiger quelque chose pour les billets ».
– Voyages grâce à l’ Esperanto : les époux Fondrillon et leur fille ont rendu visite a leurs amis hollandais à Paques, et les époux Chapellier ont participé au premier Congrès du Benelux , à Hilversum, à la Pentecote .
Octobre 1951
– Dans le numéro d’ octobre de » La Informilo » est paru un article d’ une page de la présidente de Nancy, Blanche Fondrillon .
Elle regrettait que, souvent, dans les rencontres espérantistes, des participants non – espérantistes ( maris ou femmes, amis ) ne comprennent pas l’ Esperanto et pour eux, elle s’ est souvent sentie obligée de traduire en francais.
Cela génait, bien sûr les évènements.
Elle a proposé que les espérantistes notent les choses les plus intéressantes, et les non – espérantistes les mots souvent entendus et non compris.
Ensuite, on traduit presque comme dans un cours, pour former ainsi une nouvelle génération d’ espérantistes … .
Elle a conclu en demandant à ce que chacun cherche d’ autres sources d’ inspiration et l’ en avertisse .
– Monsieur Brezol , actif cheminot esperantiste , est redevenu nanceien .
Les nanceiens lui ont souhaite la bienvenue .
La journee Zamenhof 1951 :
Le 19 décembre , à la Maison des Jeunes, à Nancy, les espérantistes nancéens se sont rassemblés pour fêter le 92eme anniversaire de notre Maitre le Docteur Louis Lazare Zamenhof .
22 personnes ont festoyé autour de la table joliment décorée .
Après le rassasiement des appétits vigoureux par des repas parfaitement préparés et des vins chauds, arriva le temps d’ exprimer des idees et sentiments .
Mme Fondrillon, présidente du groupe de Nancy, remercia habilement et chaleureusement les organisateurs de la fête .
Monsieur Kleinclaus mit l’accent sur l’influence conviviale de Zamenhof .
Monsieur Louis, animateur de chaque réunion, réussit à faire parler chacun, l’un après l’autre, tous les participants, expérimentés ou non, habiles ou non, la gaîté naquit des divers sujets abordés .
Dans une petite salle de théâtre, un spectacle de variétés eut lieu ensuite .
Felicitons les artistes : des musiciens harmonieux, des acteurs spirituels ou lyriques, des mimes incomparables, une dame avec une très belle voix … .
Certes, cela n’eut pas lieu dans un cadre classique, imposant et luxueux, mais nous avons profité de quelque chose de plus simple .
Conférences
Savez-vous qu’à Nancy il existe un centre universitaire nancéen ? Oui, certainement. Savez-vous qu’un jour, dans ce centre on a fait une conférence au sujet de l’Espéranto ? Peut-être pas.
Pourtant, cette année, nous étions six espérantistes venus écouter un important professeur, linguiste réputé (nous ne dirons pas son nom), arrivé spécialement de Paris pour faire deux conférences concernant:
1/l’histoire des langues internationales
2/La seule d’entre elles qu’il parlait aisément : Espéranto.
La titolo de la frontpaĝa artikolo estis « la ridinda lingvo ». Jen la enhavo:
Nous étions accourus avec un très grand intérêt vous le comprenez.
La première conférence nous a récompensé : nous avons entendu beaucoup de curiosités sur les langues communes : de la babylonienne jusqu’à la chinoise, sur les langues des hommes éclairés : de celle de Balien Indonésie jusqu’au swahili d’Afrique, sur les dialectes ordinaires : du système gestuel jusqu’au système de dessins, tout était très intéressant.
Le professeur a parlé plus longuement des nouvelles langues artificielles, spécialement du Volapük : Volapük fut un beau bijou pour les personnes expérimentées, mais peu pratique pour les autres ; pour cela, il a disparu. C’était la fin des langues inhabituelles.
Un des plus fervents du volapük : Zamenhoh, comprenant les erreurs de cette langue, a en créé une nouvelle, la première de toutes que l’on peut apprécier : Espéranto.
Ainsi était annoncée la deuxième partie
Le jour suivant, des étudiants et des espérantistes sont revenus en courant pour écouter le fameux professeur.
Il a commencé : »Espéranto est une belle langue régulière, mais elle offre des facilités à cause de sa régularité. ..Elle est trop riche. Par exemple, patro povas deveni patron, j, jn…(père peut prendre n à l’accusatif, j au pluriel jn à l’accusatif pluriel) Quelques mots sont trop longs : pour dire « transformateur (mot international) on utilise « aliformigilo » (ali=autre, formo=forme, ilo=outil), c’est risible ! Et pour dire santé on utilise « saneco », étrange mot ! mais il prononçait saneko (au lieu de sanetso) en accentuant la dernière syllabe. Effectivement, c’était risible !
Ainsi, nous espérantistes, avons constaté que l’orateur n’avait pas appris l’espéranto. Mais (comme nous étions bien éduqués), personne n’a bougé.
Le professeur a continué son cours. J’ai noté quelques remarques ; c’est une faute de conserver le même radical pour vira (mâle) et virina (femelle) (désirait-il ainsi simplifier l’espéranto ?) ; on utilise trop le préfixe mal (=contraire), voyez malgranda est lourd etlong.
Pour convaincre tout le monde, il a lu un texte de Zamenhof. Pour les non-espérantistes, c’était risible. Pour nous seul le professeur était risible. Il présenta ensuite de plus belles langues (selon lui), des langues bien faites, car elles étaient de linguistes : Novial et Occidental. Malheureusement, personne ne veut les apprendre : « Lisez, disait le professeur, ce texte en Occidental : li celebri francesi musicanto Rameau, visitant un bel dama levat subitmen…Vraiment nous comprenions facilement, mais…Est-ce qu’une langue internationale doit être comprise seulement par les français ? Que pense les étrangers qui ne parlent pas une langue latine ?
En résumé, si l’orateur devait choisir une langue artificielle, il préférerait l’Occidental, et s’il devait choisir une langue nationale, il préférerait l’italien.
Pourtant il a constaté que parmi les langues artificielles, seul l’espéranto avait du succès.
Malheureux professeur ! il n’avait pas remarqué les espérantistes ( peut-être qu’il ne connaît pas l’étoile verte).
Après la conférence, ensemble nous nous sommes levés et l’avons entouré lui parlant l’un après l’autre : « Vous n’avez pas appris l’espéranto…Vous ne pouvez pas le prononcer….
Vous ne savez pas que le mot « transformatoro » existe… vous critiquez « malgranda », vous devriez savoir que l’on peut utiliser le mot « eta » …etc…
Les autres auditeurs amusés s’approchèrent en disant : c’est plus interssant que le discours précédent » Désespéré, le professeur sortit vers une autre pièce.
Et les participants de plus en plus amusés sont restés avec nous . Alors notre président a continué le cours sur le tableau noir, leur expliquant les règles de la langue espéranto.
Blanche Fondrillon
Carnet
– Naissance : Jean – Francois, fils des époux Henri Collin , et petit-fils de l’ ancien président du groupe d’ Esperanto de Nancy .
-Décès :
– Norbert Adeline , qui dirigea ( secrètement ) des cours d’ Esperanto pendant la guerre à Nancy , est décédé.
Les réunions étaient secrètes, soit au domicile de Monsieur Adeline, soit chez des élèves.
– Le 8 novembre 1951, un membre actif du groupe de Nancy, Pierre Guidat, âgé de 39 ans est décédé .
Cours – Réunion
– En août , la réunion mensuelle de Nancy fut particulièrement animée .
Outre les espérantistes nancéiens, des espérantistes des PAYS – BAS, hôtes de la famille Fondrillon, et de GRANDE – BRETAGNE, invités de la famille Schmitt, y participèrent.
» La soirée était très intéressante en raison d’une conversation vive, et le récit de notre camarade Colnot sur son voyage en bicyclette a éveillé l’intérêt de tous .
Anecdote : « pendant toute la réunion, j’ ai fait un vif récit et j’ ai repondu a de nombreuses questions, le tout en Esperanto bien sûr .
A un moment, le serveur du café est venu pour commander les boissons.
Je dis alors : » Pour moi, un demi ! » .
Un monsieur assis a côté de moi et qui ne me connaissait absolument pas, s’ etonna :
» Est – ce que vous parlez aussi francais ? » . (Il m’ avait pris pour un Yougoslave ! ).
Outre le cours de Mme Fondrillon, qui était celui du » groupe neutre « , avait lieu vers 18 h ou 18 h 30, à la Maison des Jeunes, le mercredi, un cours dirigé par le responsable de SAT, Pierre Louis, surtout pour les jeunes.
Cours du soir :
« J’ ai à Pierre Louis, à la fin de l’ automne 51 : » Si je souhaitais apprendre l’ Esperanto , je ne le pourrais pas dans votre cours car je travaille jusqu’à 19 h .
Il serait donc nécessaire de créer un deuxième cours après 20 h « .
» Si vous désirez ce cours, créez – le vous – même ! » a – t – il répondu .
Donc je l’ ai fait , et j’ ai enseigné à 4 ou 5 élèves .
Cours par correspondance :
Peu de temps après, je lui ai dit : » J’ ai appris l’ Esperanto par correspondance, avec un cours de la petite ville de Gray en Haute – Saône.
Une grande ville comme Nancy devrait avoir un cours par correspondance » .
» Si vous désirez un cours par correspondance , créez – le ! » .
Donc j’ ai créé .
Ces cours ont continué à fonctionner, avec plus ou moins de succès.
J’ ajoute que le Cercle de Jeunes de SAT ne faisait pas partie de la Maison des Jeunes .
On empruntait seulement leur salle pour les cours .
Quand j’ai créé le cours par correspondance, j’ai adhéré à la Maison des Jeunes , j’ai reçu leur aide avec une adresse et un compte chèques postal à la Maison des Jeunes ) .
Au cours du soir ont adhéré 7 personnes et au cours par correspondance également 7 personnes.
Parmi les élèves du cours du soir, quelques – uns sont restés espérantistes pendant plusieurs années. Parmi ceux du cours par correspondance, seul 1 élève a terminé le cours.
Le premier élève était Monsieur Jean Mangel du village Le Lyaumont (Haute – Saône) .
Il fut espérantiste pendant de nombreuses années, a appris l’Espéranto à sa fille (qui a ensuite épousé un élève du cours) et nous avons organisé, près de sa maison à la campagne, plusieurs petites rencontres.
-Le cours d’ hiver, dirigé par Mme Fondrillon, a débuté le 25 novembre par le cours Ferez et a rassemblé 26 élèves .
Mais, j’ ai appris que vraisemblablement , 9 élèves ont fini le cours, et 5 ont réussi la » Atesto pri Lernado » le 25 avril.